Paris/Justice:Meurtre de l'Ivoirien Firmin Mahé: non-lieu requis pour le général Poncet

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Photo non datée de Fiirmin Mahé
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PARIS (AFP)  Le parquet du tribunal militaire français a requis un non-lieu en faveur du général Henri Poncet pour le meurtre de Firmin Mahé, un Ivoirien soupçonné d'être un "coupeur de route" mort étouffé dans un blindé français en 2005, une affaire qui avait ébranlé l'armée française.

Cinq militaires sont inculpés pour "homicide volontaire" ou "complicité", dont le général de corps d'armée (quatre étoiles) Poncet, à l'époque commandant de la force Licorne, le dispositif militaire déployé en Côte d'Ivoire entre les troupes loyalistes fidèles au président Laurent Gbagbo et celles de la rébellion.

Considéré par les soldats de la force Licorne comme un "coupeur de route", un bandit semant la terreur dans la région de Man (ouest du pays), Firmin Mahé avait été interpellé le 13 mai 2005 après avoir été blessé à une jambe lors d'un accrochage avec des militaires français.

Il avait ensuite été conduit à une infirmerie puis dirigé vers Man sur ordre du général Poncet. Dans le blindé qui l'emmenait, il avait été étouffé par des militaires qui disaient avoir agi sur ordre.

Le procureure du Tribunal aux armées de Paris (TAP) Alexandra Onfray a requis un non-lieu au bénéfice du général Poncet, inculpé pour "complicité d'homicide volontaire" et qui dément avoir donné un tel ordre.

Sollicité par l'AFP, le général n'a pas souhaité faire de commentaire. Son avocat Me Jean-René Farthouat s'est félicité de cette réquisition, "le dossier concernant le général ne (tenant) absolument pas".

La procureure a en revanche requis le renvoi devant les assises de son adjoint le colonel Eric Burgaud, et des trois soldats qui se trouvaient à bord du véhicule blindé léger (VBL).

Elle a toutefois requis une requalification en "omission d'empêcher un crime" les charges retenues contre le conducteur du véhicule, le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, et contre le brigadier Johannes Schnier, soupçonné d'avoir maintenu Firmin Mahé lorsqu'il a été étouffé.

"On a hâte que l'instruction se termine pour aller s'expliquer devant un jury", a réagi à l'AFP Me Eric Morain, avocat du brigadier Ben Youssouf.

Il revient maintenant à la juge d'instruction Florence Michon de délivrer une ordonnance de mise en accusation devant la cour d'assises. Le procès pourrait se tenir début 2011.

Au cours de l'instruction, le colonel Burgaud a désigné le général Poncet comme ayant donné l'ordre implicite de tuer Mahé.

"+Roulez doucement, vous me comprenez+ (...) Cela signifiait que la solution idéale était qu'il décède en route", a notamment affirmé à la juge le colonel Burgaud, relatant l'ordre que lui aurait passé le général.

Le colonel avait ensuite donné l'ordre aux soldats de "prendre leur temps". L'un d'eux a reconnu devant la magistrate avoir étouffé Mahé, alors inconscient, avec un sac poubelle en plastique.

Devant la juge, le général Poncet s'était fermement défendu, déclarant n'avoir "pas l'habitude de donner des ordres implicites susceptibles d'interprétation, pouvant laisser (ses) subordonnés +divaguer+".

Il avait en revanche reconnu avoir pris la responsabilité de taire l'affaire pour ne pas avoir à mettre sa "hiérarchie dans la situation d'avoir à faire un choix difficile". L'affaire avait été révélée en octobre 2005, cinq mois après les faits, par le ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie.

En avril 2010, quelque 900 soldats français restaient stationnés en Côte d'Ivoire dans le cadre du dispositif Licorne, créé en 2002 et qui a atteint jusqu'à 5.000 militaires deux ans plus tard.

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