Livre : François Hollande fait son inventaire

Publié le par imagazine

L'ancien premier secrétaire revient sur le bilan de la gauche au pouvoir et sur son action à la tête du parti.(Nicolas Barottedi Figaro)

 

INTERVIEW EXCLUSIVE

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Plusieurs fois, François Hollande a retardé la parution. Droit d'inventaires (Seuil), le livre d'entretiens avec l'ancien chef du service politique de l'AFP Pierre Favier, qu'il publie jeudi, aurait dû arriver en librairie au début de l'année… Mais, après le congrès de Reims, l'ancien premier secrétaire a préféré attendre et s'astreindre à une (relative) cure de silence. Elle est définitivement terminée.

S'il veut revenir (rester) dans le jeu socialiste, l'ex-numéro un du PS a compris qu'il ne devait pas trop s'en éloigner. François Hollande veut se préparer pour 2012 et ce livre est une étape sur son chemin. «J'ai à nouer une autre relation avec les Français », écrit-il en assurant que «le moment venu», il se poserait la question d'une candidature aux primaires socialistes. «D'ici là, il y a tant à faire», reconnaît-il. Au PS, ils sont peu nombreux à croire en ses chances : problème d'image, poids du bilan…

C'est tout cela que François Hollande a choisi d'affronter. En près de 400 pages, il se livre, avec beaucoup de classicisme et de réserve, à un exercice qu'il affectionne : le commentaire politique. Ses premiers engagements, les septennats de François Mitterrand, le gouvernement de Lionel Jospin, ses onze années à la tête du PS, les succès et les échecs, il revient sur l'ensemble de son parcours et sa conception du socialisme. «Droit d'inventaire», c'est la formule que Lionel Jospin avait utilisée pour prendre ses distances avec le bilan des années Mitterrand.

L'exercice n'est pas simple pour François Hollande qui est à la fois sortant et prétendant pour l'avenir. Son constat est sévère cependant. «Le socialisme, ces dernières années, navigue à vue», écrit en introduction celui qui a dirigé le PS de 1997 à 2008. Mais sur sa propre responsabilité, François Hollande refuse de céder à l'autoflagellation. Il ne regrette pas d'avoir assumé le bilan de Lionel Jospin après 2002 quand on lui demandait de tourner la page, il ne regrette pas le référendum sur la Constitution européenne qui a divisé le parti, il ne regrette pas la synthèse du congrès du Mans… «Pour avoir observé les divisions depuis dix-huit mois, j'incline à penser que cette méthode était la bonne», glisse-t-il.

 

Cible de toutes les critiques

Le fil directeur qu'il revendique, notamment sur les années qu'il a passées à la tête du parti, c'est le rassemblement. «Je n'ai jamais sacrifié l'unité des socialistes à des querelles secondaires ou des considérations personnelles», dit-il. Fin tacticien, François Hollande récuse systématiquement l'idée qu'il ait utilisé parfois sa position pour son ambition personnelle. Voire.

Sur son autorité à la tête du PS, François Hollande admet une limite : «J'étais le premier secrétaire, pas le leader», reconnaît-il. Mais il fait largement porter aux autres la responsabilité de la division.

Cible de toutes les critiques pour sa gestion du parti, François Hollande riposte de manière allusive. En revendiquant une continuité de son positionnement (il s'est toujours défini comme social-démocrate), il critique les choix tactiques de ses adversaires. «Je n'aurai pas la cruauté de rappeler les déclarations, les jeux d'alliances, voire exhumer de longs textes écrits par les uns ou par les autres au cours de ces dix dernières années», ironise-t-il.

Au fil des pages, l'ancien premier secrétaire développe abondamment ses priorités. Il insiste notamment sur la «fiscalité» ou le «contrat d'après-crise» qu'il veut proposer aux Français pour après 2012… Mais François Hollande évite soigneusement un sujet : lui-même. Il ne se livre jamais. Droit d'inventaires est un ouvrage de réflexion politique, pas une confession.

 

 

» François Hollande, «Droit d'inventaires, entretiens avec Pierre Favier», Seuil, 402 p., 20 euros.

Publié dans Politique

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