Processus de paix: Netanyahu se bat pour éviter une radicalisation du Likoud

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (G) , le 25 avril 2010 à Jérusalem
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JERUSALEM (AFP) Sous pression sur la scène internationale, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mène aussi une rude bataille politique interne, forcé de battre le rappel de ses sympathisants pour éviter le noyautage de son parti de droite, le Likoud, par des rivaux extrémistes.

A raison de trois rencontres quotidiennes depuis lundi, qui prennent la majeure partie de son temps, M. Netanyahu va au charbon devant les 2.600 membres du comité central du Likoud, avant un vote crucial de cette instance jeudi à Tel-Aviv.

Le débat est à première vue purement technique: M. Netanyahu espère obtenir un amendement à la charte du Likoud, qui permettrait de reporter de 20 mois la tenue d'élections internes, censées se tenir d'ici un mois, aux postes clefs des institutions du grand parti de la droite israélienne.

Pour arracher une décision en ce sens, le Premier ministre doit recueillir au moins les deux-tiers des suffrages exprimés au comité central.

Mais cet objectif tactique cache un énorme enjeu stratégique. Si des élections internes avaient lieu dans les prochaines semaines comme prévu, elles se solderaient très probablement par une percée de l'aile ultranationaliste du Likoud, incarnée par Moshé Feiglin.

"Bête noire" de M. Netanyahu, ce dernier a réussi à s'infiltrer au sein du Likoud il y a huit ans, faisant élire au sein du comité central plus de 200 personnes. Aux élections primaires du parti en 2006, à la tête du "Mouvement pour un leadership juif", M. Feiglin avait obtenu 23% des suffrages, face à Benjamin Netanyahu, pour la direction du parti.

Nostalgique d'Eretz Israël (le "Grand Israël"), capitaine de réserve, colon et juif religieux, Moshé Feiglin, 48 ans, a jadis purgé six mois de prison ferme pour "rébellion contre l'Etat".

Partisan de la manière forte, il nie l'existence du peuple palestinien et préconise le transfert "volontaire" vers les pays arabes de la communauté arabe d'Israël (1,3 million de personnes).

Il s'élève donc contre les gestes consentis en direction des Palestiniens par M. Netanyahu sous la pression de Washington: levée de barrages routiers en Cisjordanie occupée, moratoire de 10 mois de la construction dans les colonies juives, acceptation du principe d'un Etat palestinien.

"Ils (les sympathisants de M. Feiglin) ne vont pas nous dire comment préserver Jérusalem, ni m'enseigner la morale ou la Torah", s'est emporté mardi soir M. Netanyahu.

Il estime que son rival ultra incarne "un groupe minoritaire et marginal d'extrémistes messianiques, étranger au Likoud".

Si l'appareil du parti devait tomber sous la coupe de Moshé Feiglin, sa nature en serait sûrement modifiée. Les médias israéliens évoquent "l'emprise des colons barbus à kippa" sur le Likoud.

Ligoté par cette mouvance intransigeante, M. Netanyahu serait privé de sa marge de manoeuvre politique alors qu'il se dit déterminé à reprendre des pourparlers de paix avec les Palestiniens.

On voit mal par ailleurs comment le ministre de la Défense, Ehud Barak, chef du Parti travailliste (centre-gauche), qui appartient à la coalition au pouvoir, pourrait s'accommoder d'un courant aussi extrémiste que celui de M. Feiglin, alors que ses 13 députés ruent dans les brancards faute de progrès dans le processus de paix, bloqué depuis fin 2008.

Formée il y a un an, la coalition gouvernementale --déjà fortement marquée à droite-- s'appuie sur une assise parlementaire de 74 élus (sur un total de 120 députés).

Jusqu'à présent, M. Netanyahu a montré peu d'empressement dans le dossier palestinien. Mais il pourrait être contraint de lâcher bientôt du lest car le président Barack Obama aspire à un accord de paix d'ici deux ans, estiment les analystes.

Des pourparlers indirects, dits de "proximité", pourraient s'engager prochainement entre Israéliens et Palestiniens sous l'égide des Etats-Unis.

 

Ha

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