Nigeria/Economie: Accord pétrolier de 23 millards de dollars avec une société chinoise

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Photo fournie par la NNPC montrant Malam Shehu Ladan (D), patron de la NNPC, serrant la main d'un représentant chinois, le 13 mai 2010 à Abuja
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ABUJA (AFP) - Le Nigeria, 8e pays exportateur de pétrole brut, a signé avec une compagnie publique chinoise un contrat géant de 23 milliards de dollars pour construire trois raffineries et un complexe pétrochimique.

Ce contrat devrait permettre de répondre aux besoins en produits raffinés du pays le plus peuplé d'Afrique, selon la compagnie pétrolière nationale.

La Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) et la China State Construction Engineering Corporation Limited (CSCEC) ont signé cet accord pour obtenir ces 23 milliards en financement en crédit auprès d'un consortium de banques chinoises et de la China Export & Credit Insurance Corporation.

Avec cet accord "la NNPC vise à accélérer la construction de nouvelles raffineries pour réduire le flot de produits raffinés importés, dont la valeur actuelle est estimée à 10 milliards de dollars", selon un communiqué conjoint parvenu à l'AFP.

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Carte du Nigeria
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Selon le patron de la NNPC, Malam Shehu Ladan, l'objectif est d'arrêter les importations de produits raffinés en 2020.

De son côté la CSCEC souhaite "accroître sa présence sur le continent africain et imprimer fortement sa marque dans le paysage dans l'industrie pétrolière et gazière du Nigeria", indique le communiqué.

Ces trois raffineries devraient à terme produire l'équivalent de 750.000 barils par jour, selon les deux compagnies signataires.

Le Nigeria dispose actuellement de quatre raffineries, mais la plupart du temps elles sont hors d'état de fonctionner. Selon des chiffres officiels elles ont une capacité totale de 445.000 barils par jour mais elles produisent moins de 30% de cette quantité, en raison de la corruption et d'un manque d'entretien.

Conséquence paradoxale: le pays de 150 millions d'habitants et huitième exportateur mondial de brut importe la plus grande partie de ses besoins en produits raffinés.

En signant avec la CSCEC, Abuja espère aussi donner un coup d'accélérateur à la future loi qui doit régir l'industrie pétrolière et gazière et donc les relations du Nigeria avec les multinationales qui opèrent dans le pays.

Depuis plus d'un an, les multinationales et les autorités locales sont engagées dans un bras de fer autour de cette loi, le Petroleum Industry Bill (PIB), débattu au parlement depuis des mois.

A son arrivée au pouvoir en mai 2007, le président Umaru Yar'Adua - décédé le 5 mai dernier - avait annoncé son intention de réformer la NNPC, inefficace et souvent décrite comme "vache à lait" des régimes successifs.

Sa longue maladie a tout gelé et son successeur Goodluck Jonathan hérite de ce dossier crucial, car le pays tire 90% de ses devises du pétrole et du gaz.

Boulimique en matières premières, la Chine lorgne depuis longtemps les richesses du Nigeria en hydrocarbure. Ainsi fin 2009, la compagnie nationale pétrolière chinoise CNOOC avait mis sur la table 30 milliards pour s'assurer six milliards de barils nigérians, soit environ un sixième des réserves prouvées du pays, l'un des deux plus gros exportateurs de brut du continent avec l'Angola.

Le vice-ministre du pétrole nigérian de l'époque, Odein Ajumogobia, avait dit que l'offre était à l'étude mais qu'il était hors de question de vendre ces 6 milliards de barils.

"La force des Chinois, c'est qu'ils sont prêts à mettre beaucoup de cash sur la table", résume le patron d'une multinationale.

Une compagnie privée chinoise, la Sinopec, s'est quant à elle offert fin 2009 la société canadienne Addax Petroleum qui opère au Nigeria et en Afrique de l'Ouest pour 5 milliards d'euros.

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