Mali/Culture:Comment réussir ses études supérieures au Mali ?

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Professeur N’Tji Idrissa Mariko (photo Le Flambeau)
Professeur Souleymane De de la FSJP (photo Le Flambeau)

Professeurs N’Tji Idrissa Mariko de la FLASH et Souleymane De de la FSJP aux étudiants

Le Flambeau : Comment réussir ses études supérieures au Mali ? ‘’

Etudier à l’université de Bamako aujourd’hui n’est pas une chose aisée, tant les conditions sont déplorables. Cependant, en dépit des nombreuses contraintes liées à ces réalités, prétendre ne pas réussir des études supérieures dans cette même université n’est qu’une pure et simple spéculation. Beaucoup d’étudiants avant notre génération y sont passés et surtout connus plus de difficultés que les nôtres, mais ont su les surmonter et réussir leurs études. Parmi ces gens figurent les professeurs N’Tji Idrissa Mariko de la FLASH et Souleymane De de la faculté de Droit. Dans un entretien à travers lequel nous avons voulu sensibiliser les étudiants sur toutes les possibilités de réussite qui s’offrent à eux bien qu’étant dans des difficultés, votre bimensuel ‘’ Le Flambeau ‘’ s’inscrit toujours dans sa dynamique d’information et de formation pour une transformation à travers un double changement de mentalité et de comportement des élèves et étudiants du Mali ‘’ .

ProfesseurN’TJI Idrissa Mariko :

IL n y a pas de formule magique pour réussir ses études .Il faudrait d’abord avoir la volonté de réussir de l’étudiant en question, sa disponibilité à prendre son propre sort en main au lieu de tout attendre de l’Etat. Un étudiant qui en sortant de l’université ne maitrise pas la discipline dans laquelle il décroche la maitrise au bout de 4 ans de dur labeur a tout fait sauf réussir ses études.

Professeur Souleymane De :

Je tiens à vous rassurer sur le fait que je suis un fruit de l’ex ENA et la bibliothèque, les locaux et même les professeurs sont les mêmes comme à notre temps. Pour revenir à notre question je répondrai en deux volets : L’université en mon sens n’est pas le secondaire, quand on y arrive on doit être mature et ambitieux. Pour réussir il faut se mettre au travail alors qu’on constate aujourd’hui, les étudiants n’aiment pas le travail, ils passent le temps à s’acharner sur leur sort, tout en criant sur tous les toits les déplorables conditions d’études. Au delà de ces difficultés, c’est aussi le manque d’envie des étudiants qui caractérise leur échec ceci est le premier volet de ma réponse.

Le second volet de ma réponse réside dans le fait que l’Etat à démissionner de ses obligations de garantir l’école qui est reconnu par notre constitution. Les pouvoirs publics ne font rien dans les problèmes d’infrastructure, de formation des formateurs sans lesquelles nous ne pouvons parler de l’école.

En définitif au-delà de tous ces problèmes on peut réussir ses études supérieurs au Mali seulement avec l’envie, la bonne foi et surtout le courage.

Le Flambeau : Quel doit être le comportement d’un bon étudiant ?

Professeur N’TJI Idrissa Mariko :

Le comportement d’un bon étudiant pour moi en temps que professeur, c’est un étudiant qui a conscience de ses insuffisances, qui est modeste, qui ne se sert pas des Assemblées Générales intempestives. Le bon étudiant encore pour moi c’est celui ou celle là qui croit en la vertu du travail, car l’homme n’est rien sans le travail.

Professeur Souleymane De :

Je suis juriste et non sociologue donc je me conformerais aux textes et j’affirme que pour moi, le bon comportement de l’étudiant réside dans le fait qu’il respecte à la lettre le règlement intérieur de l’université. La pléthore estudiantine a fait qu’ils(les étudiants) n’ont plus de repère, chacun est libre de faire ce qu’il veut et cela sans crainte de sanction à cause de la politisation de l’espace universitaire. Egalement, le bon étudiant c’est celui qui s’est entreprendre dans le bon sens, prendre sa destinée en main et surtout conscient du fait que sa formation ne sera que celui qu’il en voudrait.

Le Flambeau : Quelques stratégies pour mener à bon terme ses études ?

Professeur N’TJI Idrissa Mariko :


Pour moi avant de parler de bonnes stratégies pour réussir ses études, il faut dire qu’il y a une très mauvaise atmosphère académique à l’université de Bamako. Etant donné que la qualité d’enseignement, celle des enseignants, celle du matériel didactique et des infrastructures universitaires sont plus que médiocres. Les autorités politiques devraient arrêter avec les beaux discours et trouver une solution idoine à l’effectif pléthorique de l’école malienne.

Professeur Souleymane De :

Je peux vous dire que le partenariat public-privé est admis par le règlement de l’université donc pourquoi ne pas signer des contrats avec des entreprises privées ; pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble des acteurs du monde universitaire. Pourquoi ne pas envoyer des bulletins aux parents qui méconnaissent le comportement médiocre de leurs enfants à l’université : Voila à chaud les quelques stratégies que je pouvais proposer. Mais aussi faut-il ajouter pour les étudiants l’avancée notoire de la technologie avec l’internet, les bibliothèques, les recherches personnelles et les groupes d’exercice qui sont entre autres des alternatives pour leur bonne formation.

Le Flambeau : Que pensez-vous de l’activisme des étudiants ?

Professeur N’TJI Idrissa Mariko :


En ce qui concerne l’activisme des étudiants, je pense qu’on vient à l’université pour travailler et non pour faire de la politique. Dans les associations estudiantines très souvent les meneurs sont des étudiants perturbateurs qui n’ont aucune confiance en eux-mêmes et qui viennent faire sortir leurs camarades pour des affaires personnelles et futiles. Les associations estudiantines doivent au contraire inciter leurs adhérents au travail au lieu de gâcher leur vie en les chassant des classes pour des histoires de querelles de leadership.

Pour terminer, mon dernier mot est adressé à vous les étudiants. Je vous demande de prendre les études à deux mains pour que vos vieux enseignants n’aient pas l’impression de perdre le temps qui leur reste à vouloir hélas en vain, former ceux qui ne veulent rien savoir et apprendre.

Professeur Souleymane De :

L’AEEM a changé de profondeur, je vous surprendrais si je vous dis que je suis un ancien militant de l’AEEM mais aujourd’hui cette association a perdu tout son sens puisque les combats de l’AEEM d’aujourd’hui sont illégitimes. On vide les amphis pour des futilités alors que les problèmes brillants ne font jamais partie des doléances. C’est une situation regrettable et dont les jeunes doivent y remédier. Permettez moi d’évoquer l’initiative de contribution des étudiants de la FSJP dans le cadre de l’amélioration de leurs conditions d’études, voila à mon sens des idées que l’AEEM devrait promouvoir. L’école est confrontée à de sérieux défis auxquels cette association peut apporter des réponses idoines, mais il faut tout d’abord qu’elle se fasse respecter et ce par des revendications concrètes. J’ai été membre de l’AEEM et je vous avoue que je n’en regrette pas dans la mesure où cela a beaucoup contribué dans ma vie professionnelle et non seulement pas parce que j’y ai milité mais aussi parce que j’ai beaucoup appris.

Mon dernier mot sera de souhaiter une bonne et heureuse année académique 2009/2010 à tous les étudiants tout en espérant que cette année sera sauvée puisque menacée par un préavis de grève lancé par les syndicats d’enseignants pour l’alignement de leur salaire sur ceux de leurs confrères de la sous région.

PROPOS RECEUILLIS PAR :
LASSANA KEITA / FOUSSEYNI MAIGA
FOUSSEYNI SANGARE / ALI M TIMBO

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